David Foenkinos est l’auteur entre autre de ‘la Délicatesse’, que son frère et lui ont adapté à l’écran, avec dans les rôles principaux, Audrey Tautou et le talentueux François Damien. Le film m’a beaucoup plu et c’est pourquoi j’ai ouvert le livre ‘Charlotte’ avec déjà plein d’empathie.
Foenkinos y raconte la vie de Charlotte Salomon, artiste peintre morte à vingt-six ans alors qu’elle était enceinte. Le portrait qu’il trace de cette jeune femme qui aurait pu devenir une si grande femme, si elle n’avait pas vécu la seconde Guerre mondiale, est poignant, saisissant, émouvant… Parallèlement à cette biographie tragique, on découvre l’écrivain, hanté par cette ‘artiste-manquée’, ses recherches, ses troubles, ses questions sur le ‘comment écrire’…
En effet, l’auteur revient à la ligne à chaque fin de phrase, tel un poème sans rime, un roman en vers. Ce style m’a plu et plus encore quand l’auteur en explique lui-même la raison :
“Pendant des années, j’ai pris des notes.
J’ai parcouru son œuvre sans cesse.
J’ai cité ou évoqué Charlotte dans plusieurs de mes romans.
J’ai tenté d’écrire ce livre tant de fois.
Mais comment?
Devais-je être présent?
Devais-je romancer son histoire?
Quelle forme mon obsession devait-elle prendre?
Je commençais, j’essayais, puis j’abandonnais.
Je n’arrivais pas à écrire deux phrases de suite.
Je me sentais à l’arrêt à chaque point.
Impossible d’avancer.
C’était une obsession physique, une oppression.
J’éprouvais la nécessité d’aller à la ligne pour respirer
Alors j’ai compris qu’il fallait l’écrire ainsi.”
Les phrases courtes et le vocabulaire simple nous plongent dans une lecture fluide et rapide, tout en enlevant en rien à l’émotion et le tragique de l’histoire.
Merci à David Foenkinos, malgré de nombreuses critiques, pour nous avoir fait admirablement découvrir cette jeune femme, Charlotte, artiste au destin tragique…
En effet, Charlotte Salomon, pourtant prédestinée au suicide, voulait vivre, et alors qu’elle connaît le bonheur et la vie en elle, on lui arrache sa vie et celle qu’elle veut donner…
La vie est un don et il faut savoir en faire quelque chose. Ainsi, peu avant de mourir, Charlotte a mis sur papier sa vie avec simplement un pinceau et trois couleurs. Puis elle a confié cette œuvre ‘naïve’ – néanmoins pas moins de 1325 ‘tableaux’ à un ami avec ces mots : “Gardez-les bien, c’est toute ma vie”…