La comédie musicale à succès de Cadolzburg

Traduction d’une interview parue dans „Fürther Nachrichten“ le 02 août 2015

A guichets fermés : Plus de 13.000 spectateurs veulent voir « Mademoiselle Marie »

CADOLZBURG – La visite de la délégation d’Oradour et les articles publiés à ce sujet ont donné le dernier coup de pouce nécessaire à la pièce, selon les déclarations de Fritz Stiegler. En l’espace de deux jours, les dernières 320 places disponibles pour l’actuelle mise en scène présentée par les « Cadolzburger Burgfestspiele » ont été vendues. L’ensemble des 24 représentations affichent complet. Jusqu’à la fin des représentations d’ici le 8 août, ce sont plus de 13.000 personnes qui auront vu la comédie musicale. Les deux têtes créatrices de la troupe, le compositeur Matthias Lange et l’auteur Fritz Stiegler, et le président de l’association, Thomas Dröge, dressent un premier bilan de leur travail présenté dans l’avant-cour du château de Cadolzburg.

Dès la fin du mois de juillet, vous avez constaté que votre quatrième comédie musicale allait être un véritable succès. A ce moment-là, vous avez rajouté 4 représentations supplémentaires. Vous attendiez-vous à un tel succès ?

Lange : Au début, ce n’était pas du tout prévisible, mais à partir de la dixième représentation, on s’est aperçu qu’on jouait toujours devant une salle pleine. Mais que l’une de nos pièces obtiennent un tel succès, non, ça, on ne l’a jamais eu. Et maintenant, nous avons tellement de demandes que nous pourrions rajouter encore un grand nombre de représentations supplémentaires. Mais nous ne voulons pas abuser de notre équipe.

Ce sont uniquement des amateurs qui jouent sur la scène de cette comédie musicale. Depuis des mois, ils répètent tous les week-ends. Est-ce qu’ils ont encore une vie à côté de la comédie musicale ?

Lange : Si on réfléchit bien, depuis 9 mois environ, ils n’ont plus un seul week-end de libre à cause des répétitions. Tous les rôles sont doublés, avec le maquillage, la technique jusqu’au traiteur ou aux ouvreuses, cela fait environ un total de 160 personnes qui s’y investit. Et tous mettent tant de cœur à l’ouvrage qu’ils viennent même les soirs où ils ne devraient pas jouer. Chez nous, il y a même des familles entières qui se retrouvent sur la scène, du petit-fils jusqu’au grand-père. La question qui se pose plutôt, c’est de savoir ce qu’on va faire après ?

Dröge : Mais nous faisons en sorte que personne ne sombre après et ne perde pied. Les danseurs et la chorale se retrouvent tout au long de l’année. Pendant l’hiver, nous jouons notre « Noël franconien » avec lequel nous partons en tournée. Et on envisage même de réaliser un pot-pourri qui rassemblerait différentes scènes de toutes nos comédies musicales.

Votre pièce met en scène, cette fois-ci, un thème relativement difficile. La jeune paysanne Marie tombe amoureuse de l’ancien prisonnier de guerre François qui est finalement resté à la ferme et, parallèlement, elle attend le retour de son mari, encore prisonnier en Russie. L’action se joue pendant la reconstruction d’après-guerre, mais traite également de la seconde guerre mondiale et du massacre perpétué par les Waffen-SS à Oradour. Comment tout cela peut-il fonctionner sur la scène d’une comédie musicale ?

Stiegler : L’histoire d’un prisonnier de guerre qui finit par s’enraciner dans la vie d’une famille allemande a déjà existé de nombreuses fois et été traité sous de multiples angles. Cela concerne donc un grand nombre de familles et touche les gens personnellement.

Lange : Le fait que tout cela ait si bien fonctionné, nous le devons également à notre metteur en scène, Jan Burdinski, qui a réussi, de façon très habile, à faire des sauts dans le temps entre 1945 et 1955 et des changements de lieux, entre la France, la Russie et la Franconie. Au début, j’avais vraiment des doutes et je me demandais si le public parviendrait bien à suivre tous ces changements, mais finalement, ce n’est pas du tout un problème. Chaque pays est représenté par une musique bien définie ; j’ai même composé un kazatchok pour le camp de prisonniers en Russie ; la musique folklorique caractérise la Franconie et le rock and roll accompagne la jeunesse des années 50. Et parmi tout cela, nous avons des scènes de danses absolument superbes.

Comment le public a-t-il réagi ?

Stiegler : Certains soirs, le public nous acclame debout, les gens sont très émus. Certaines spectatrices ont sorti leur mouchoir au bout de la cinquième chanson. Mais j’ai quand même l’impression que les gens ont besoin d’un peu de temps avant de réaliser vraiment ce qu’ils viennent de voir. Un exemple frappant pour moi a été celui de mon père. Le soir de la représentation, il m’a dit : « Ouais, c’est bien ! ». Deux jours après, il a affirmé qu’il avait réfléchi et que la pièce était fantastique.

« Mademoiselle Marie » va même être filmée ; comment cela s’est- il produit ?

Dröge : C’est Peter Ponnath, producteur de films à Fürth, qui est venu vers nous et nous a fait cette proposition. Maintenant, il va même réaliser deux films sur la pièce, un film documentaire et un long métrage. Pour cela, nous avons cherché de très vieilles localités. Le deuxième week-end du mois d’octobre, le tournage s’effectuera même à Oradour ; Robert Hébras, l’un des derniers témoins du massacre d’Oradour, ainsi que le maire de la ville, nous apportent leur soutien, après avoir vu la pièce il y a quinze jours ici à Cadolzburg. Hébras souhaite même y jouer son propre rôle.

Les sommes que vous brassez en ce moment doivent commencer à être considérables ?

Dröge : Pour le travail de tournage, nous ne sommes pas concernés. Pour nos propres productions, nous nous débrouillons entièrement avec l’argent des billets d’entrée et de nos sponsors. Le fait que l’on s’en sorte pour Mademoiselle Marie avec une somme de 300.000 euros tient uniquement au fait que nous faisons une grande partie des choses de manière bénévole. La seule chose que nous ne pouvons pas faire nous-même, ce sont les enregistrements avec l’orchestre symphonique de Nuremberg, cette année aussi avec le groupe de musique « Thilo Wolf Bigband », la mise en scène ou les décors, là nous sommes obligés d’acheter. Si on devait payer nos acteurs et tous ceux qui nous aident, il nous faudrait certainement des millions. Jusqu’à présent, nous sommes bien parvenus à garder notre budget en équilibre.

En fait, c’est un vrai jeu de hasard. Votre travail dépend entièrement du temps !

Dröge : Bien entendu, c’est toujours une partie très serrée ; avant chaque représentation, nous sommes quasiment en contact permanent avec la météo et les prévisions actuelles. Jusqu’à présent, et même les années précédentes, nous avons eu de la chance. Cette année, nous avons uniquement dû interrompre une seule représentation. Lorsque le bal des nuits d’été de Fürth a été annulé cette année, nous avons joué. Le public est resté assis, fasciné par le spectacle, alors que vers la fin, cela n’était plus vraiment très agréable.

Comment gérez-vous cet énorme succès ?

Dröge : Il est vrai que nous fournissons un travail de titan. Et c’est uniquement avec les poussées d’adrénaline apportées par le succès que l’on arrive à tenir le coup. Cela nous coûte aussi quelques kilos. Mais nous gardons toujours les pieds sur terre. Ce sont nos arguments clés qui nous caractérisent bien – les nombreux agissants, le dialecte, le fait que l’on utilise uniquement nos propres mises en scène – et bien tout cela attire. Notre dernière comédie musicale « Aeronauticus » a été couronnée comme étant le deuxième meilleur théâtre en plein air, joué par des amateurs, dans toute la Bavière. Mais nous sommes tout à fait conscients du fait que cette tendance peut très vite s’inverser.

Stiegler : Une petite astuce pour assurer notre succès : jusqu’à présent, nous avons toujours choisi une époque différente pour situer le thème de notre pièce.

Alors quels sont vos projets pour l’avenir ? Il ne vous manque plus que l’époque actuelle désormais…

Stiegler : Oui, c’est vrai. J’ai déjà un certain nombre de choses en tête. Mais c’est encore bien trop frais pour divulguer le moindre détail.

Lange : L’année prochaine, nous avons décidé de faire une pause pour les représentations en plein air, étant donné que le lieu où se trouve notre scène sera en chantier : dans le cadre des travaux de rénovation et de transformation du château-fort de Cadolzburg, ce dernier va devenir un musée d’attractions et d’expériences. En 2017, nous aimerions reprendre « Mademoiselle Marie » et le présenter de nouveau dans l’avant-cour du château. Mais des entretiens seront d’abord nécessaires avec le service administratif des châteaux-forts de Bavière. Mais nous sommes confiants. Il sera bien indispensable alors de faire vivre et d’animer ce château-fort.

Interview : SABINE DIETZ

L’article original est disponible en allemand sous: http://www.nordbayern.de/das-cadolzburger-erfolgs-musical-1.4555622

Traduction: Elizabeth Eder

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