C’est main dans la main avec les présidents Gauck et Hollande que se tenait Robert Hébras en septembre 2003 dans les ruines d’Oradour, en mémoire des 642 victimes civiles tuées de manière cruelle par une unité SS. Il est l’une des six personnes qui ont survécu à ce massacre, perpétué le 10 juin 1944.
Robert Hébras était alors âgé de 19 ans et depuis, il s’engage inlassablement pour le travail de réflexion sur ce crime de guerre sans précédent, afin de le surmonter. Le week-end dernier, il se rendit à Cadolzburg et était l’invité d’honneur des « Cadolzburger Burgfestspiele » lors de la représentation de leur comédie musicale « Mademoiselle Marie ». Dans une des scènes du spectacle, il put même se découvrir lui-même. Marie, ignorant tout du drame survenu, souhaite comprendre pourquoi les Français la repoussent à ce point. Elle rencontre Robert Hébras, joué ce soir-là de manière très sensible et pleine d’émotions par Gerhard Unterburger, qui lui raconte ce qui s’est passé et l’encourage à ne pas abandonner son amour envers l’ancien prisonnier de guerre français, François, qui l’a aidée et soutenue à la ferme, pendant de si longues années. Les Cadolzbourgeois étaient dans l’expectative et tendus bien entendu ; en effet, la mise en scène d’un sujet si sensible sous la forme d’une comédie musicale était un acte de courage et on attendait les réactions avec une certaine appréhension.
Grâce au travail de traduction du spectacle, effectué au préalable par Elizabeth Eder, Présidente de l’Amitié franco-allemande de Cadolzburg (DFF), les invités français purent se préparer au mieux pour pouvoir assister à la représentation et en suivre le déroulement sans difficulté. A la fin du spectacle, Robert Hébras avoua qu’il était venu à Cadolzburg sans aucun a priori, mais ce à quoi il avait assisté l’avait énormément touché et constituait un évènement bien particulier pour lui. D’après lui, on avait fait un nouveau pas en avant à Cadolzburg pour la consolidation de l’amitié franco-allemande. Cette déclaration de sa part ne constitue qu’un des nombreux points forts en émotion d’un week-end bien particulier.
Un programme chargé avait été organisé pour la délégation de 18 personnes venues du Palais et d’Oradour. En effet, l’écrivain, âgé de 90 ans, était accompagné de son épouse Christiane, du maire d’Oradour, Philippe Lacroix, de la maire du Palais-sur-Vienne, Isabelle Briquet, ainsi que de représentants du comité de jumelage du Palais. La commune de Cadolzburg, l’Amitié franco-allemande (DFF) de Cadolzburg et l’association de théâtre ont travaillé en coopération étroite afin que nos invités puissent se sentir à l’aise et repartent chez eux avec, dans leurs valises, de multiples impressions formidables.
Après un voyage de 13 heures, le groupe arriva jeudi soir à Cadolzburg et fut reçu chaleureusement devant la mairie par le préfet du canton de Fürth, Matthias Dießl, le 1er adjoint au maire, Heinz Hühnermann et les familles d’accueil. Robert Hébras et Philippe Lacroix profitèrent alors de l’occasion pour signer le soir-même le Livre d’Or de la commune de Cadolzburg, avant que nos invités ne se retirent avec leurs familles d’accueil pour y passer tranquillement leur première soirée. Le vendredi matin fut consacré à une visite guidée de la vieille ville de Cadolzburg, réalisée en français par la guide Angela Unterburger. Ensuite, la délégation se rendit à Ansbach, la préfecture de la région de Moyenne-Franconie, pour y rencontrer un groupe de jeunes lycéens d’Erlangen qui allaient relier Erlangen à Oradour en vélo pour un « Tour de la paix ». Le Président du Bezirk de Moyenne Franconie, Richard Bartsch, nous salua et nous reçut à Ansbach. Robert Hébras se réjouit particulièrement d’y retrouver son vieil ami, Fritz Körber, ancien élu du Bezirk qui accompagnait le groupe de jeunes cyclistes. Après le déjeuner pris en commun à Ansbach, nous repartîmes rapidement vers Gonnersdorf, pour nous rendre à la ferme de Fritz Stiegler, l’auteur de « Mademoiselle Marie ». Aux côtés de Fritz Stiegler, le préfet Matthias Dießl, le compositeur Matthias Lange, le Président de la troupe Thomas Dröge et le metteur en scène Jan Burdinski fournirent à leurs invités des explications et des informations sur les dessous de ce spectacle. La rencontre organisée avec M. Stiegler senior fut également un moment de grande émotion. En effet, le cœur du spectacle repose sur ses souvenirs concernant le prisonnier de guerre français, François (en allemand Franz), qui fut placé dans la ferme des Stiegler pendant la guerre et y devint très vite irremplaçable et apprécié de tous. Malheureusement, François connut une toute autre destinée, bien plus dramatique que son pendant dans la comédie musicale et sa mort, survenue inutilement peu avant l’arrivée des Américains, est un sujet qui alimente encore souvent les discussions au sein de la famille Stiegler. Ainsi, M. Stiegler senior nous raconta de nombreuses anecdotes sur ce Franz qui était devenu pour lui un véritable grand frère et il répondit patiemment à toutes les questions des visiteurs français et allemands présents. Et enfin, le moment tant attendu arriva, la représentation du spectacle « Mademoiselle Marie » dans l’avant-cour du château de Cadolzburg. Ce spectacle enchanta l’ensemble des invités et fut ovationné longuement par des spectateurs debout. De nombreux échanges entre Français et Allemands purent avoir lieu à la fois au cours du dîner qui fut préparé et offert par la troupe de théâtre pendant l’entracte, mais également après le spectacle. Ainsi, tous eurent l’occasion de profiter pleinement et longuement d’une douce soirée estivale, agrémentée par de nombreux entretiens animés.
Samedi, la délégation se mit en route, sous la direction d’Elizabeth Eder, pour effectuer une visite guidée en français de la ville de Fürth, jumelée avec Limoges, puis du Mémorium des Procès de Nuremberg, dans le Tribunal de Nuremberg. Une visite de la vieille ville de Nuremberg ne manqua pas au programme pour acheter l’un ou l’autre souvenir à ramener au pays.
Le repas de fête du samedi soir fut organisé et préparé par l’Amitié franco-allemande de Cadolzburg et mit l’accent sur les spécialités franconiennes de la région, telles que les entrées typiques et le cochon de lait à la broche, suivies d’un long buffet de desserts faits maison et préparés par de nombreuses familles.
Des discours émouvants et des paroles de gratitude furent prononcés à la fois par les maires, Isabelle Briquet, Philippe Lacroix et Heinz Hühnermann, par les Présidents des comités de jumelage, Yves Puharré et Elizabeth Eder, mais également par Robert Hébras. Ainsi, des larmes d’émotion et de gratitude coulèrent sur les joues de beaucoup lorsqu’il remercia chaleureusement Gerhard Unterburger de sa prestation sur scène en lui dédicaçant son dernier livre. De nombreuses paroles de bon rétablissement furent également adressées au maire, Bernd Obst, malheureusement malade et absent.
La soirée se termina à la fête de la laiterie, dans la joie et la bonne humeur, autour de quelques chopes de bière franconienne. La messe œcuménique organisée le dimanche matin dans l’avant-cour du château par le pasteur Michael Büttner et son homologue catholique Gabriele Syben fut célébrée de manière solennelle. Une partie de nos invités prit la route du retour après le repas de midi, alors que les autres se mirent en route pour Bad Windsheim où ils y visitèrent l’écomusée en plein air. La soirée se déroula au sein des familles d’accueil, avant de prendre le chemin du retour dès le lundi matin.
Ce week-end a bien été marqué par l’amitié franco-allemande à Cadolzburg. L’Amitié DFF de Cadolzburg tient à remercier tout particulièrement tous ceux qui ont contribué à faire de ce séjour une véritable réussite inoubliable, pour l’incroyable engagement de beaucoup et la formidable coopération qui nous a permis de passer des moments inoubliables ensemble.
Auteur: Birgit Mauroner
Traduction: Elizabeth Eder